Introduction

Nom du livre : « La forge de Dieu – Aux origines de la Bible »
Auteur : Nissim AMZALLAG
Editeur : Les éditions du Cerf
Année de publication : 2020
Nb de pages : 300
Prix : 22€
Taille : 13,6cm * 21cm

Le livre « La forge de Dieu – Aux origines de la Bible » de Nissim AMZALLAG nous propose un voyage fascinant au Proche-Orient antique, pour découvrir l’origine du dieu des juifs, celui nommé Yahwé, Jéhovah, l’Éternel ou bien encore YHWH.

Cette enquête commence au deuxième millénaire avant l’ère chrétienne et se termine aux premiers siècles après celle-ci. La théorie de l’auteur est qu’une tribu de métallurgistes du cuivre, les Qénites, adorait un dieu qui fut ensuite capté par les hébreux, pour ne pas dire kidnappé. Vers le 13ᵉ siècle avant J.C., le travail du cuivre apporta la prospérité à cette tribu, leur dieu fut alors considéré comme très puissant, c’est pourquoi les hébreux s’en emparèrent. Ils essayèrent ensuite de faire disparaître la source Qénite du judaïsme, en dépréciant les premiers adorateurs de YHWH, les transformant en rejetons de Caïn, le premier meurtrier de l’humanité.

Autre point passionnant démontré par Nissim AMZALLAG, le dieu de l’Ancien Testament est un dieu lié fondamentalement au feu, au volcanisme, qui se révèle notamment dans le creuset où se travaille le cuivre, chauffé à blanc, aveuglant de lumière. Les textes juifs regorgent, ou plutôt, regorgeaient de passages liés à ce volcanisme, mais, malheureusement, le passage de l’hébreu à l’araméen a gommé cet aspect primordial du dieu de la Bible ; on pourrait dire beaucoup de mal des traductions des anciens textes religieux puisque de nombreux contre-sens ou erreurs ont empoisonné la vie de millions de croyants depuis des siècles, mais ceci est une autre histoire.

Les scans ci-dessous comportent de multiples surlignages que je n’ai pas pu retirer ; je vous prie de m’en excuser.

La couverture

La table des matières

Les sommaires devraient tous être ainsi, avec de nombreuses entrées .

YHWH, la métallurgie, le volcanisme

Le livre développe donc la thèse que YHWH, à l’origine, est le dieu des Qénites, des métallurgistes du cuivre; notez que cette thèse n’est pas acceptée par tous les historiens et théologiens. L’auteur nous emmènera ensuite au Proche-Orient du 2ᵉ millénaire avant J.C., pour identifier géographiquement les lieux de cette tribu.

Page 14

Page 32

Vers 1 200 avant J.C., les empires du pourtour de la Méditerranée subissent des guerres très destructrices, déclenchées par « les peuples de la mer ». Des empires s’effondrent, le commerce du cuivre avec l’Égypte disparait, créant ainsi un boom économique pour les mines du Proche-Orient.

Page 91

À l’époque où les Hébreux prirent YHWH comme Dieu, la métallurgie était vue comme une activité permettant d’être en contact direct avec les Dieux. Cela peut surprendre, mais, au Moyen Âge, le forgeron du village était tenu à l’écart des autres habitations ; manipulant le feu, le peuple l’associait à l’Enfer et le craignait. Cette thèse est centrale dans le livre de Nissim AMZALLAG, pour lui, le dieu de la bible hébraïque est un dieu qui se manifeste dans un contexte volcanique, notamment lors de ses colères : lave, explosions assourdissantes, fumées obscurcissant le ciel, chaleur suffocante…

Page 99

Malheureusement, au fil des nombreux siècles et des traductions de la Bible, la dimension métallurgique du dieu des Juifs s’est perdue. L’auteur explique que plusieurs attributs de YHWH sont même devenus incompréhensibles. Par exemple, la Bible mentionne souvent le Nez de YHWH, mais, sans ce contexte de la forge, les lecteurs modernes ne peuvent plus comprendre le sens originel de ce mot.

Pages 123, 234 et 235

La tribu des Qénites

Les premiers adorateurs du dieu YHWH seraient donc un peuple appelé Qénites. Nissim AMZALLAG démontre la relation ambigüe des rédacteurs de l’Ancien Testament avec le peuple auxquel ils doivent leur divinité. Leur rôle historique dans le culte de YHWH a été grandement minimisé et ces auteurs les présentent dorénavant comme des êtres mauvais, en les transformant en descendants de Caïn, le premier meurtrier de l’histoire, l’assassin de son propre frère Abel.

Mais, de façon paradoxale, la Bible présente aussi Caïn comme un héros civilisateur, ses enfants étant à l’origine des premières villes, arts et techniques ; c’est un complet renversement de la vision traditionnelle de ce personnage maudit et, personnellement, j’éprouve un grand plaisir à lire ce genre de théorie.

Page 50

Pages 58 et 59

La révélation du vrai nom de l’Éternel

Déjà passionnant en ce qui concerne l’hypothèse Qénite et la nature volcanique de YHWH, Nissim AMZALLAG offre aussi d’autres surprises dans son livre. Plus haut, nous avons vu que Caïn peut-être vu comme un héros civilisateur, que la traduction de la Bible hébraïque, de l’hébreu à l’araméen, a gommé la dimension métallurgique de l’Éternel. Autre point que révèle l’auteur et que je ne connaissais pas, c’est que le véritable nom de Dieu, YHWH, n’a été révélé au peuple juif qu’à partir de Moïse ; Abraham lui-même ne le connaissait pas. Selon Nissim, les juifs ont ainsi révolutionné le culte de YHWH en rendant son nom public alors qu’avant celui-ci n’était connu que des rares initiés.

Pages 76 et 77

Conclusion

Que dire de plus ? « La forge de Dieu » est un livre passionnant, très érudit, qui vous transportera dans un monde merveilleux et oublié, celui des premiers adorateurs de YHWH, des siècles avant notre ère. Les théories de l’auteur, largement étayées, sont incroyablement stimulantes et concernent un domaine difficile, du fait de l’ancienneté et de la rareté des sources, à savoir la naissance de la religion juive.

Dense, exigeant par moment, à aucun moment les non-juifs ne se sentent perdus dans la masse de données et de références à l’Ancien Testament. Nissim AMZALLAG sait être pédagogue et passionnant, son style est vif et donne envie de dévorer ce livre qui apportera beaucoup aux croyants et aux athées par ses dimensions religieuses et historiques.